Aujourd’hui est une de ces journées où tout va mal. Un ami vous appelle par hasard. Il vous demande comment vous allez et vous lui dites que vous avez eu une crevaison en vous rendant chez votre amoureux, et qu’une fois sur place, ce dernier a mis fin à votre relation. Vous avez le cœur brisé. Votre ami est silencieux au bout de la ligne.
Le fait de partager comment vous vous sentez, de ventiler, en ce moment vous fait du bien. Peut-être vous sentez-vous écouté et compris aussi… jusqu’à ce que votre ami brise le silence en disant :
« Ouais, peut-être que tu devrais prendre l’autobus la prochaine fois? ». Vous croyez qu’il s’agit d’une mauvaise blague, mais il poursuit : « Pour être honnête, je me suis toujours dit que vous n’étiez pas faits l’un pour l’autre, tu n’aurais jamais dû commencer à le fréquenter. Je pense que tu devrais juste passer à autre chose. »
Vous n’en croyez pas vos oreilles. Non seulement vous sentez-vous blessé.e, mais maintenant vous souhaiteriez ne rien avoir dit du tout. C’est parce qu’en partageant vos sentiments, vous ne demandiez pas à être jugé. Vous recherchiez de l’empathie.
Il y a beaucoup d’incompréhension en ce qui concerne la communication et l’empathie. Ramenons les pendules à l’heure par rapport à certains de ces mythes et mieux comprendre comment offrir son soutien à quelqu’un qui vit des difficultés :
1. Pour aider quelqu’un, on n’a pas à résoudre ses problèmes ou à trouver une solution
Nos vies font en sorte que nous sommes souvent en mode « solution ». C’est notre mode « par défaut » lorsque quelque chose est difficile ou se passe mal. Au travail ou à l’école, par exemple, on peut sentir qu’il est urgent de trouver une solution aussitôt qu’un problème se présente. Et peut-être que c’est efficace dans ce contexte. Mais quand il est question des émotions des autres, se lancer immédiatement en mode « solution » peut être une erreur. Les émotions désagréables ne peuvent être simplement « réparées ». On doit en premier lieu les accueillir, les accepter, et accompagner notre ami.e (et ses émotions) pendant qu’il ou elle traverse une période difficile.
2. L’honnêteté sans filtre aide moins souvent qu’on ne le pense
En tant qu’humains, nous avons tous des biais cognitifs. Cela signifie que notre façon d’interpréter les situations peut être influencée par plein de choses (notre vision du monde, nos croyances, nos valeurs, etc.). Malheureusement, ces biais ne sont pas toujours adéquats et peuvent nous mener à interpréter une situation en se basant sur des stéréotypes. Un biais très commun est de croire qu’« on récolte ce que l’on sème ». Un.e ami.e qui nous dit avoir eu une crevaison peut nous mener à nous dire : « S’il ou elle avait pris l’autobus, ça ne se serait pas produit ». Non seulement ce raisonnement est-il incorrect, mais ce genre de remarque est particulièrement invalidant et difficile à entendre lorsqu’on traverse un moment difficile. On peut parfois apprendre de nos erreurs, et même avoir une responsabilité pour certaines de nos mésaventures. Cependant, en faire mention plutôt que de faire preuve d’empathie risque non seulement d’endommager votre relation, mais aussi pousser cette personne à se refermer sur elle-même.
3. On n’a pas besoin d’expertise en santé mentale ou en psychothérapie pour faire preuve d’empathie envers quelqu’un
Si vous avez déjà fait une thérapie, vous avez peut-être eu l’impression qu’il s’agissait de quelque chose de radicalement différent d’une simple conversation avec un.e ami.e. L’approche d’un.e thérapeute est quelque chose de spécial, mais un de leurs « secrets » réside dans la manière d’écouter. Un.e psychothérapeute n’écoute pas pour juger. Au contraire, il ou elle écoute pour comprendre ce qu’on traverse, ce qui rend son soutien significatif et bénéfique. Ce type d’écoute est une compétence en soi, et nous pouvons tous l’apprendre et la développer.
4. Comprendre l’unicité
Une bonne écoute c’est ce qui se produit lorsqu’on ne pense pas à soi, à nos propres opinions ou ce que l’on aurait fait différemment. Faire preuve d’empathie, c’est se mettre à la place de l’autre. Être empathique signifie de reconnaître l’expérience unique d’une autre personne et de comprendre comment elle peut se sentir, sans jugement. Ainsi, la prochaine fois qu’un.e ami.e, un membre de votre famille ou un.e collègue partage quelque chose de difficile avec vous, au lieu de chercher la parfaite réponse ou d’essayer de résoudre le problème, commencez par vous assurer que vous écoutez réellement et que vous faites activement preuve d’empathie.