La mise en pratique de l’empathie permet de réguler ses émotions, de tisser des liens avec les autres et de briser l’isolement, écrit Helen Fishburn.
Dans les deux dernières années, on nous a répété de « rester chez nous ». Aujourd’hui, on entend de plus en plus qu’il faut « apprendre à vivre » avec le virus. Ce nouveau message nous invite à changer de mentalité, à passer de l’évitement et de la peur à la résilience et à l’adaptabilité. Toutefois, le relâchement des mesures et le changement de message ne signifient pas que nous reviendrons à notre vie d’avant la pandémie. Même si nous avons hâte de passer à autre chose, l’anxiété, la peur et le stress seront encore fortement présents dans les prochains mois, et les répercussions de la pandémie sur la santé mentale se feront certainement sentir encore plus longtemps.
Étant donné les effets de la pandémie sur le bien-être collectif, il est plus important que jamais de faire preuve d’empathie, envers les autres et envers soi. La mise en pratique de l’empathie permet de réguler les émotions, de tisser des liens avec les autres et de briser l’isolement. L’empathie permet en outre de penser aux autres et de chercher des moyens d’aider. Que ce soit en discutant avec un voisin, en donnant à un organisme de bienfaisance de votre région ou en faisant l’épicerie d’une amie, un petit geste de gentillesse peut apporter beaucoup. Faire du bien aux autres, c’est égayer leur journée – et du même coup, la nôtre.
Or, il faut aussi avoir de l’empathie envers soi-même. Nous risquons de nous compliquer la vie si nous nous fixons des objectifs irréalistes basés sur nos attentes d’avant la pandémie. Notre niveau de stress et d’inquiétude continue d’affecter notre vie quotidienne, et il est possible que nous ne soyons pas aussi fonctionnels qu’avant. Pratiquer la compassion envers soi-même et gérer nos attentes au fur et à mesure sera crucial pour nous adapter à la prochaine étape.
Les employeurs rencontrent eux aussi des difficultés sans précédent et doivent faire preuve d’empathie envers leurs équipes. La santé mentale est aussi précieuse que la santé physique, mais des progrès restent à faire en matière de déstigmatisation. Il demeure essentiel pour les cadres d’écouter et de répondre aux besoins en constante évolution de leur personnel. Humaniser les problèmes de santé mentale, offrir de la flexibilité et favoriser une culture inclusive contribuera à créer des milieux de travail plus sûrs sur le plan psychologique.
Plus que jamais, nous devons faire preuve d’empathie et de bienveillance pour naviguer ensemble dans cette « nouvelle normalité ». Mais cette transition ne se fera pas du jour au lendemain. Nous aurons besoin de temps pour reprendre goût aux activités que nous n’avons pas pratiquées depuis un certain temps. Tout le monde réagira différemment aux éventuels changements des mesures sanitaires; par conséquent, considérer l’expérience et les antécédents d’autrui avant d’émettre un jugement sera primordial pour éviter les conflits.
En apprenant à vivre avec la COVID-19, apprenons donc également à vivre avec espoir. Nous sommes tous et toutes dans le même bateau. Pensez aux expériences et aux difficultés des autres, prenez des nouvelles quand et comment vous le pouvez, et demandez de l’aide si vous en avez besoin. Notre communauté a subi suffisamment de division et de souffrance. Il est temps de nous rassembler pour respecter nos différences, vivre avec l’incertitude persistante, accepter et accueillir les autres… c’est ainsi que nous nous rétablirons des ravages de la pandémie, physiquement et émotionnellement.
Helen Fishburn est cheffe de la direction à l’ACSM – Filiale de Waterloo Wellington. Helen préconise depuis longtemps une plus grande sensibilisation aux problèmes de santé mentale et a voué sa carrière à l’édification d’un meilleur système de soins de santé mentale. Elle s’est récemment vu décerner le Prix des champions de la santé mentale 2021 par l’Alliance canadienne pour la maladie mentale et la santé mentale.